Thématique 3 : Enseigner en france : oui mais dans quelles conditions ?

12 – Les moyens financiers (financements des actions/ formation des formateur.rice.s et place du bénévolat /conditions de travail)

Légende : (C) coupé ; (X) mot inintelligible ; (XXX) groupe de mots inintelligibles ; précisions en italique.

Les extraits

Extrait 1 : (Formatrice) Qu’est-ce qui pourrait améliorer un peu les choses ?

« (…) on est un peu tous en, précaires quoi. Aussi bien les apprenants que les professionnels (…) heureusement qu’il y a du bénévolat (…) mais ça devrait pas, en fait. (…) »

(Entretien avec Aline, formatrice à J2P, 05/04/2022, Paris,  extrait 8, 31’43 à 35’12)

 

« Dans l’animation (…) c’est bien intégré que dans le centre de loisirs, (…) on va prendre des stagiaires on va pas prendre des bénévoles (…) c’est intégré parce que c’est un métier (…) tandis qu’dans l’français bon ben, c’est pas grave, on va prendre des bénévoles (…) »

(Entretien avec Aline, formatrice à J2P, 05/04/2022, Paris,  extrait 9, 37’31 à 38’49)

Précisions :

Contexte :

  • Entretien réalisé chez Fatma-Zohra autour d’un thé (les salles étaient occupées) à Paris, 19 ème arrondissement. Fatma Zohra (enquêtrice) connaissait déjà Aline par le biais d’échanges de bons procédés entre formatrices.

  • J2P est établit dans un quartier populaire, c’est un centre social très fréquenté par des étrangers (avec ou sans papiers) pour diverses activités (enfants, ado, accompagnement pour démarches administratives…).

Extrait 2 : Formatrice et chargée d’accueil, à la fois 

Zenaida: ¿Y el lugar donde cuando no eran las salidas, dónde era, en un salón? Et le lieu où c’était pas les sorties, c’était où, dans une salle de cours?

Andrea: Aja. En mi caso era un salón verdad, era un salón, pero (eh) donde teníamos la clase era justamente al lado de la puerta de entrada. Y ahí se interrumpía muchísimo.  No era un salón cerrado, donde estuviésemos las dos solas, donde nos íbamos a concentrar una hora, hora y media, dos horas. Sino que siempre hubo interrupciones. En ese sentido, este (Cortada por Zenaida)

Mhm. Dans mon cas c’était une vrai salle de cours, une salle, mais euh là où on avait le cours se tenait à côté de la porte d’entrée. Et là on était beaucoup coupés. Ce n’était pas une classe fermée, où on aurait été juste toutes les deux, où on allait se concentrer pendant une heure, une heure et demi, deux heures. On était tout le temps interrompu. En ce sens, ce (C par Zenaida)

Zenaida: ¿Ósea que el curso era como en la sala de, en el «accueil»? Tu veux dire que le cours était comme dans la salle de, à l’accueil ?

Andrea: Si. Y ella como era la secretaria en ese momento, también encargada de esa asociación eh si se prestaba un poco para las interrupciones. Oui. Et elle comme elle était secrétaire à ce moment là, chargée également de cette association euh ça se prétait un peu à ces interruptions.

Zenaida: Ese digamos que fue como el principio de los cursos (un poco inaudible)

Ca disons que c’était comme le début des cours (un peu inaudible)

Andrea: Exactamente, sí.  Exactement, oui.

(…)

(Entretien avec Andrea, Paris, le 01/04/2022, extrait 7, 8’55 à 10’45)

Précisions :

Contexte :

  • Entretien réalisé en espagnol (Venezuela) par Zenaida

  • L’entretien s’est déroulé dans un petit séjour à Paris, avec l’idée de commencer à trouver un poste pour son mari en Ile de France.

Participante :

  • Andrea : Andrea a un lien familial avec Zenaida, mais les deux femmes ne se voient qu’une fois par an environ. Cet entretien est leur première occasion d’échanger sur leur apprentissage du français. Au moment de l’entretien, Andrea a une petite quarantaine d’années. Vénézuélienne, elle est arrivée en France avec son mari et leur fils fin 2018 ; ils ont d’abord vécu en contexte rural, et habitent maintenant une ville de taille moyenne. Avant sa migration, Andrea exerçait une profession à haut niveau de qualification ; depuis son arrivée en France, elle est mère au foyer. Au moment de l’entretien, son mari cherche un emploi en région parisienne. Andrea a suivi des cours de français avant sa migration ; son fils était également scolarisé en collège français au Vénézuela, pour stimuler le bilinguisme.

Extrait 3 : Trouver des formations au-delà du niveau A1

Xavier : Tu as fait euh, donc tu as fait que l’université et l’APIQ ? T’es pas passé par des par des cours tu sais, de l’OFII, par exemple ?

Ibrahim : Ah non, non non. Cours de l’OFII c’est pour, débutants débutants.

Xavier : Ouais,

Ibrahim  : Euh il y a un examen à l’OFII, donc euh j’ai passé l’examen c’est, débutant débutant

Xavier : D’accord.

Ibrahim  : C’est pas trop compliqué oui c’était trop facile.

Xavier : D’accord. T’avais déjà le niveau.

Ibrahim  : C’est, oui, c’est, si j’arrive pas à passer cet examen euh, je vais avoir besoin euh 400 cours de français ou, 600, ça dépend. De niveau. Mais j’ai passé,

Xavier : Ouais tu avais déjà le niveau quoi,

Ibrahim  : Oui.

Xavier : D’accord. Tu as rencontré d’autres personnes comme toi qui avaient déjà un niveau au dessus, et qui trouvaient pas de cours de français ?

Ibrahim  : Euh, oui,

Xavier : Oui,

Ibrahim  : Oui, je connais deux ou trois gens, mais qui viennent d’Irak, et du Soudan.

Xavier : Ouais,

Ibrahim  : Oui.

Xavier : ils ont le même problème que toi pour trouver d’autres cours ?

Ibrahim  : Oui, oui oui.

Xavier : Ouais, c’est souvent que euh, passé un certain niveau on a on a du mal à trouver des cours oui,

Ibrahim  : Oui. Normalement pour des débutants, c’est bon euh pour des niveaux de A1 et A2, il y a beaucoup, d’opportunités. Mais pour des niveaux élevés, comme B1 B2 C1, il n’y a pas beaucoup d’opportunités.

Xavier : Ouais ouais. Tu sais, parce que euh euh en France on oblige les t’façon, les étrangers à aller jusqu’au niveau B1. Et après on est pas obligé de continuer.

Ibrahim  : Oui oui. Même pour le B1 (rire),

Xavier : Même pour le B1, oui.

Ibrahim  : J’ai oui j’ai travaillé parfois chez moi, et parfois, c’était seulement pendant pour euh pendant un mois je pense. Il y a euh il y a un prof, un professeur ici, c’était pendant les vacances, on a fait cours de préparation.

Xavier : D’accord, parce qu’il y avait moins de monde

Ibrahim  : Oui

Xavier : donc il pouvait s’occuper du, B1.

Ibrahim : Oui oui.

Xavier : D’accord.

(Entretien à l’association AAPIQ, Rochefort, le 07/06/2022, extrait 7, 10’54 à 12’36 )

 

Formé par des bénévoles : avantages et inconvénients

Xavier : Mais, le fait que ce soit des bénévoles, ça t’embête toi, ou pas ?

Ibrahim : Oui, bénévoles (rires)

Xavier : Ouais dis, on est entre nous hein. Tu peux le dire

Ibrahim  : Ouais, oui, euh, parfois je viens ici, euh, je, travaille comme bénévole aussi,

Xavier : Ah oui ?

Ibrahim  : Oui, oui

Xavier : Qu’est-ce que tu fais du coup comme bénévolat ?

Ibrahim : Euh j’ai fait j’ai fait de la traduction ici, normalement, de l’interprétation,

Xavier : oui

Ibrahim  : Oui, pour les gens qui parlent pas français, pas du tout

Xavier : Oui

Ibrahim  :  Et ici à aux restos aux restos du cœur,

Xavier : Oui

Ibrahim  : Oui, et, parfois je euh je reçevoir par exemple euh, l’appel sur téléphone pour la traduction, c’est à l’escale normalement, avec (XXX)

Xavier : Ouais,

Ibrahim  : Vous connaissez oui, donc euh, et pour les vidéos, par exemple (rire)

Xavier : D’accord. Ouais ouais. D’accord. Non quand j’te disais est-ce que c’est embêtant, est-ce que t’as trouvé embêtant, des fois que ce soit des bénévoles qui donnent des cours.

Ibrahim  : Mhm, th, euh seulement, euh, je peux dire non parce que euh, je suis la seule personne normalement, je suis la seule personne, dans la salle de classe qui a un peu de niveau élevé, mais pour les autres élèves, c’est bon.

Xavier : Ouais,

Ibrahim  : Oui, parce qu’ils sont de niveau trop débutant donc,

Xavier : D’accord. Donc tu crois qu’les bénévoles, c’est c’est plus facile d’enseigner à des débutants ? Tu penses ?

Ibrahim  : Mh oui, euh mais ça dépend. Euh par exemple quelques bénévoles qui sont professionnels, ils sont très bons. Ils sont professeurs de langues ou, euh ils sont professeurs d’un autre métier, mais euh pour les autres c’est un peu compliqué.

Xavier : Oui

Ibrahim  : Oui la façon de l’apprentissage, c’est un peu compliqué. Mais ça dépend. Des bénévoles.

Xavier : Et tu leur explique comment toi tu as appris alors ? Non ?

Ibrahim  : (rire) Euh, moi oui c’était compliqué euh, ce, ça a pris beaucoup de temps. Par exemple pour le niveau de B1 en Allemand, en langue Allemagne, euh, j’ai travaillé pendant 2 mois. Et j’ai passé avec bon euh, résultat ouais. Mais pour le DELF B1 ici à Rochefort et à (X) j’ai travaillé il y a presque 11 mois, 12 mois,

Xavier : Ouais,

Ibrahim  : Ouais.

Xavier : Donc c’est plus dur le le français que l’allemand ?

Ibrahim  : Non. C’est pas plus dur. C’est parce que je parle plusieurs langues donc c’est, pour moi c’est pas trop difficile euh, d’apprendre une langue étrangère, mais il n’y a pas un cours especial, pour moi par exemple.

Xavier : Ah c’est vraiment que, il y a pas un cours spécial pour aller jusqu’à B1,

Ibrahim  : Oui

Xavier : Ok. Alors qu’en Allemagne t’avais un cours spécial,

Ibrahim  : En Inde, oui.

Xavier : En Inde, ouais, pour a pour apprendre l’allemand.

Ibrahim  : Oui

Xavier : Ouais ouais, donc oui, c’est c’est, c’est pas qu’c’est plus difficile le français, ouais d’accord.

Ibrahim  : Même euh oui un cours qui sont qui sont payant, il n’y a pas beaucoup de cours, qui sont payants ici à Rochefort, et dans les charentes (XXX)

Xavier : Non, ouais peut-être à la Rochelle, mais, et encore.

Ibrahim  : Oh oui, oui oui, mais d’aller à la Rochelle,

Xavier : Oui ça fait ça fait un peu, compliqué

Ibrahim  : Oui. Trop cher.

Xavier : Ouais ouais ça fait trop cher. Et puis des cours payant c’est cher aussi. D’accord.

D’accord,

(Entretien à l’association AAPIQ, Rochefort, le 07/06/2022, extrait 8, 12’38 à 16’09)

Précisions :

Association AAPIQ

Contexte :

  • Entretien réalisé à Rochefort par Xavier, le 07/06/2022, à l’AAPIQ – Association d’Animation Populaire Inter-Quartiers

Participant :

  • Ibrahim : Ibrahim habite près de Rochefort. Il parle 7/8 langues (anglais, dari, persan, urdu, allemand, français, Hindi – et un peu arabe), il est réfugié, Afghan. Il est arrivé en France en 2019, où il a étudié (mais un Master 2 intégralement en anglais). Ibrahim témoigne du fait que d’obtenir le statut de réfugié avec un bon niveau de départ en français, n’implique pas nécessairement un apprentissage facilité. Ibrahim nous fait part de son parcours et partage  ses difficultés d’accès au français (trouver des formations adaptées pour ses projets professionnels), à un logement, à un travail (notamment à la fin de l’entretien)– malgré ses nombreuses compétences et son niveau élevé à l’oral en français. Malgré son aisance en français, malgré ses nombreuses ressources et son autonomie pour apprendre (internet/duolinguo/rencontres et pratique quotidienne…) il lui faut alors trouver des formations adaptées à son niveau, et à ses projets professionnels.