4 – Les formations linguistiques de l’OFII
Légende : (C) coupé ; (X) mot inintelligible ; (XXX) groupe de mots inintelligibles ; précisions en italique.
Les extraits
Extrait 1 « Au lieu d’intégrer votre système à sa place, donc c’est important à savoir, comment ils vont apprendre les apprenants, comment ils vont apprendre. »
Eric : J’aimerais euh, si vous le permettez j’aimerais euh, juste rebondir sur ce que vous disiez, euh, parce que eu, ici, il y a plusieurs cours différents. On peut chercher des cours comme ça, des cours comme ça. Mais, si on regarde les politiques, le les cours de français obligatoire avec l’OFII par exemple, l’OFII vous connaissez ?
Int2, en bangla
Les/des participants semblent acquiesser en bangla
Eric : Les cours de l’OFII, c’est pas euh, y’a pas beaucoup le choix. C’est, une façon de faire.
Int2 : il y a quelqu’un qui va entrer
Eric : Bien sûr. With OFII, it’s one way to learn, you know, euh, without other language, just in french, stop and that’s it.
Participant.e indéterminé.e : Direct.
Eric : Direct. Euh, what do you think about it ? Because with what you’re euh you’re saying, I’m auh, i’m euh asking myself if euh, is it important if you have the choice, between a lot of, a diversity of classes ? Is’it important for you or, because they are standar standarizing, they are doing something standard, you know, one way to learn. So,
Participant.e indéterminé : excusez-moi. (sort un instant)
Eric : je vous en prie, je me demande, les cours de l’OFII ils sont en train de standardiser, de donner une vision de l’apprentissage. Il faut apprendre comme ça, et comme ça et comme ça. Mais dans des centre comme ici, il y a plus de choix.
Int2 : Ok.
Eric : Ca peut être des ateliers de conversation, etcetera, alors je me demande, est-ce que, ce que vous dites finalement c’est qu’il faudrait pas avoir du choix, dans ces cours ? Avoir le choix ?
Int2 traduit en bengla.
Int2 : Ok. Ca c’est ce qu’il pense, euh, son avis, ça c’est, le meilleur système. Trier les étudiants par rapport à l’expérience, et continuer à euh, donner des cours euh, différents cours pour euh, différents étudiants. Donc euh, ce ce qu’ils font OFII, ils ont pas, il est pas d’accord.
Eric : Ouais, ouais, et bien moi, quand j’ai fait mes travaux de recherche, à l’université, je suis allé à la rencontre de per des personnes à l’OFII. Et j’étais très étonné parce que waw, les personnes me disaient non, moi l’OFII, il y avait des personnes qui m’ont dit oui l’OFII c’est bien, et il y en a d’autres qui n’ont pas aimé, alors qu’est-ce que vous en pensez vous ? C’est important,
Int2 traduit en bangla
Abdur participe en bangla
Int2 : Ok, c’est ce qu’il veut dire par rapport à l’OFII. Euh cours de cours d’OFII de, que l’OFII, qu’ils ont besoin de changer son système. Comme ça, ça sera pratique pour euh, y, ils ont ils ont besoin de changer, et de bloquer un système ce qui, ensuite va apprécié par tout le monde. Parce que (X) yy il a des connaissances, donc euh, il y a personne qui ont apprécié ça.
Eric : Ben, merci de merci de confirmer ce que j’ai pu voir.
La conversation reprend en bangla entre plusieurs participant.e.s
Int2 : Ce, ce qu’il a, ce qu’il a dit, euh, comme l’objectif de d’intégrer l’étranger en France, euh première chose très importante, la langue française. Donc comme vous êtes en train de travailler, là-dessus, et eux ils sont là pour apprendre. Donc, l’objectif c’est pareil. Donc au lieu de euh, de forcer, intégrer un système qui n’est pas, qui n’est pas apprécié par les apprenants, donc euh, au lieu de intégrer votre le système déjà à sa place, donc c’est important à savoir, comment ils vont apprendre les, les apprenants, les les étudiants, les élèves, comment ils vont apprendre.
Eric : Mhm,
Int2 : Comme ça ils vont apprécier, ils vont suivre des cours, et et on va avoir un résultat, et comme on est là pour euh, euh pour euh vivre notre vie eh c’est, donc euh nous on est déjà au courant que qu’est-ce que, c’est très important la la d’apprendre la langue, et que et comme ça on va savoir l’histoire de France, et comment ça, on va savoir, c’est quoi on peut faire, et c’est quoi, interdit en France.
Eric : Ouais, ouais, ouais mais alors c’que vous dites merci, c’est intéressant, mais ça veut dire que alors on a besoin d’interprètes ? Parce que à l’OFII, j’ai une classe avec dix, bon parfois quinze vingt personnes, mais je ne connais pas. Si je ne demande pas dans la langue, si je demande en français « comment on apprend au Bengladesh ? », je ne sais pas, et en plus c’est interdit d’utiliser d’autres langues à l’OFII, pour le formateur. Alors ça veut dire qu’il faut faire appel à d’autres langues, avant, de mettre en classe ?
Int2 traduit en bangla
Int2 : Ok. Pour co pour communiquer et, ils ont ils ont dit oui, euh oui c’est vraiment besoin.
(entretiens n°2 au Centre social du Cèdre (Paris, 19e), Secours Catholique le 12/05/2022, extrait 16, 34’20 à 42’38)
Précisions :
Contexte :
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Entretiens réalisés par Eric Mercier, en présence d’un formateur (Ulysse Bical). Accueil et organisation par Hélène Ceccato (Du Cèdre).
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Chacun des deux entretiens a été réalisé grâce à la présence de deux interprètes différents (bangla/français). Le premier est professionnel, le second est bénévole.
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Nous avons recueilli au préalable très peu d’informations sur les participants.
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Les deux entretiens ont été réalisés dans une salle de cours spacieuse, les tables forment un cercle de discussion.
Participants :
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Entretien 2 : 5 apprenants, 3 hommes et deux femmes.
Abdur a environ 30 ans, habite à Bobigny et travaille dans un restaurant. Au Bangladesh, il travaillait dans une grosse entreprise d’électronique. Abdur refuse l’enregistrement avant l’arrivée de l’interprète. Abdur veut étudier à la Sorbonne mais le problème c’est la langue.
Extraits 2 Etre accompagné au-delà du niveau A1 / des formations « générales »
Xavier : Et t’en as qui ont fait l’OFII déjà que tu as pu rencontrer ?
Ibrahim : Euh,
Xavier : Qui ont fait les cours de l’OFII ?
Ibrahim : Euh, oui oui, non parce que j’avais le niveau A2,
Xavier : Euh pas toi mais, mais d’autres personnes euh, que tu as rencontré ? Ouais,
Ibrahim : Oui oui, j’en ai rencontré, j’ai des amis qui a passé euh, l’école d’OFII, pendant 3 mois 4 mois,
Xavier : mhm,
Ibrahim : 1 mois,
Xavier : D’accord. Et ça va ils ont ils ont réussi à passer les niveaux ? Ca s’est bien passé ?
Ibrahim : Oui c’est seulement de, les niveaux débutant A1. Après A1 de, c’est, fini.
Xavier : Ouais. Et ils font quoi après alors ?
Ibrahim : Euh, c’est compliqué (rire) après ça, euh normalement, il y a des gens qui se, font des formations, euh, peinture et tout ça oui, ils travaillent euh, comme jardinier, et, dans les batiments et tout ça oui.
Xavier : Oui.
Ibrahim : Mais il y a, oui, il y a beaucoup de gens que qui sont euh, qui sont pas capables de parler ou de trouver un, un travail à cause de la langue, ouais.
Xavier : A cause de la langue, ouais.
Ibrahim : Ouais.
Xavier : Et ils arrivent pas à trouver d’autres cours pour continuer alors ?
Ibrahim : Oui.
Xavier : Ouais ouais.
Ibrahim: C’est ça.
Xavier : D’accord. Parce qu’avec l’OFII normalement tu peux faire le A2 euh, il y a peut-être pas beaucoup de c (C par Ibrahim)
Ibrahim : Oui après le A1 ouais, il n’y a pas beaucoup d’opportunités de passer le A2 et et B1 oui.
Xavier : Oui
Ibrahim : Parce que ici les cours ils sont en général. Ils ne sont pas direct pour passer le Delf B1 ou, B2, c’est pas comme ça. Oui c’est, général.
Xavier : Oui c’est général, ouais.
Ibrahim : Oui
Xavier : Mh, D’accord, ok, euh, ben j’te remercie pour tout ça, euh
(Entretien à l’association AAPIQ, Rochefort, le 07/06/2022, extrait 11, 21’06 à 22’52)
Précisions :
Association AAPIQ
Contexte :
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Entretien réalisé à Rochefort par Xavier, le 07/06/2022, à l’AAPIQ – Association d’Animation Populaire Inter-Quartiers
Participant :
-
Ibrahim : Ibrahim habite près de Rochefort. Il parle 7/8 langues (anglais, dari, persan, urdu, allemand, français, Hindi – et un peu arabe), il est réfugié, Afghan. Il est arrivé en France en 2019, où il a étudié (mais un Master 2 intégralement en anglais). Ibrahim témoigne du fait que d’obtenir le statut de réfugié avec un bon niveau de départ en français, n’implique pas nécessairement un apprentissage facilité. Ibrahim nous fait part de son parcours et partage ses difficultés d’accès au français (trouver des formations adaptées pour ses projets professionnels), à un logement, à un travail (notamment à la fin de l’entretien)– malgré ses nombreuses compétences et son niveau élevé à l’oral en français. Malgré son aisance en français, malgré ses nombreuses ressources et son autonomie pour apprendre (internet/duolinguo/rencontres et pratique quotidienne…) il lui faut alors trouver des formations adaptées à son niveau, et à ses projets professionnels.
Extrait 3 : La centration sur les compétences écrites : beaucoup de papiers !
(…)
Ahmed : Non moi y’, y’a une chose pour l’OFII, euh je je je dis le système pour l’OFII, c’est pas, c’est pas bon pour les cours, parce que tout le temps parler un petit peu, et après il donne les papiers, il dit écrire, écrire écrire, prendre 200, 200 l’heure, juste pour écrire tous les papiers et, c’est pas normal.
Eric : D’accord. Donc toi à l’OFII tu as fait beaucoup d’écriture.
Ahmed : Oui, oui.
Eric : Mais il y avait pas d’activité sans papier, et juste on parle ? Ah ouais c’est bizarre, d’accord.
Ahmed : Oui oui !
(…)
Ahmed : Toutes toutes toutes les personnes il y a, il y a à l’OFII, il m’a dit comme ça, moi aussi, je vois ça.
Eric : Ouais, beaucoup de papiers,
Ahmed : Beaucoup de papier, c’est tou, toujours les mêmes questions.
Eric : Les mêmes questions.
Ahmed : Ouais, les mêmes questions. Qu’est-ce que tu as fait ce WE, qu’est-ce que tu as fait hier, qu’est-ce que tu (rires)
Mustafa : Peut-être c’est la stratégie qui fait ça aussi
Eric : C’est répétitif, Peut-être que c’est le problème aussi, peut-être que c’est pas parce qu’on répète 1000 fois la même question, qu’on va forcément mieux l’apprendre ?
Mustafa : Répéter c’est la même chose en vrai, ça rajoute pas, rien de nouveau,
(…) Ahmed : 200heures, c’est bien pour apprendre le français. 200, mais tu sortis de l’OFII euh, tu pas parler bien,
Mustafa : Ouais, il voulait dire en fait le fait que 200 heures, pour apprendre, c’est beaucoup. A partir de là il faut au moins qu’on arrive voilà, qu’on ait appris
Eric : Ouais,
Mustafa : Sauf que après ça, il y a rien qui a changé.
(…) 1h30’00 (passage difficile à transcrire : Si Ahmed avait le choix, il privilégierait des formations orales).
Eric : D’accord, ça c’est intéressant parce que, il y a des personnes qui sont beaucoup écrire écrire écrire, comme ça, et parler après. Mais il y a des personnes c’est comme toi, d’abord parler – moi aussi je suis comme ça – d’abord parler, et après écrire on verra.
Mustafa : Pour moi-même c’était comme ça en fait. L’oral, et puis l’écrit. Sauf que mes camarades par exemple ils ont choisi l’écrit, et après l’oral. C’était comme ça on était comme ça dans la classe.
(Entretien à Tours, association ECS, le 22 mars 2023, extrait 6, 1’24’30 à 1’36’30)
Précisions :
Association Echange Culturel et Solidaire Franco-Soudanais,
Contexte :
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L’entretien se déroule autour d’une tasse de thé.
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L’enquêteur partage à partir d’un diaporama différents témoignages de problèmes récurrents soulignés ailleurs en France, pour déclencher la discussion sur ces sujets. L’enquêteur rencontre Ahmed pour la première fois, mais connaît déjà Mustafa, et Shaker (en tant qu’ancien apprenant de formations OFII).
Participants :
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Ahmed, membre de l’association ECS, il a la trentaine et est célibataire sans enfants. Il est originaire du Soudan, où il exerçait un métier qualifié. Son niveau de compréhension comme d’expression en français sont très bon, mais l’entretien demande parfois reformulation ou interprétation. Ahmed a dû faire face à des refus administratifs qui l’ont découragé dans ses apprentissages et ses projets.
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Mustafa est étudiant en sociologie. D’origine Soudanaise, Mustafa est bilingue et permet l’intermédiaire entre arabophones et francophones au sein de l’association. Il participe à l’entretien d’abord en tant que médiateur, mais il participe également ensuite plus personnellement dans la discussion.
Extrait 4 : Retours diversifiés sur les formations délivrées par l’OFII
Médiatrice : Elles l’ont fait (les formations linguistiques de l’OFII) et c’est trop compliqué. Comme l’école. (…)
(Entretien n°1 à Tin Hinan, Montpellier, le 20/04/2022, extrait 5, 22’40 à 23’45 )
Médiatrice : Elles regardaient que le tableau parce qu’elles avaient pas compris.
(Entretien n°1 à Tin Hinan, Montpellier, le 20/04/2022, extrait 6, 24’35 à 25’30)
Médiatrice : Elle dit qu’à l’OFII, y’en a qui savaient, et y’en a qui savaient pas du tout. Et ils étaient tous ensemble.
(Entretien n°1 à Tin Hinan, Montpellier, le 20/04/2022, , extrait 7, 27’50 à 28’40)
Médiatrice : (…) la difficulté c’est qu’elles elles venaient d’arriver, du coup elles étaient complètement paumées en fait.
(…)
Participante : je connais rien rien rien moi. Après euh toujours toujours, je connais un peu. (…) Après 2 semaines, je connais bien.
(Entretien n°2 à Tin Hinan, Montpellier, le 20/04/2022, Extrait 17, 36’51 à 37’58)
Précisions :
Association Tin Hinan, 364 Le grand Mail, 34080, Montpellier
Contexte :
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Trois ateliers de 1h30. Les 1er et 2d se sont déroulés dans une petite salle (remplie), le 3e dans une grande salle qui laisse de la place à tou.te.s. Ces salles sont habituelles aux participantes.
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Une médiatrice culturelle facilite les échanges (français/berbère/arabe).
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Eric, Maèva (coordinatrice et formatrice à Tin Hinan) et la médiatrice culturelle mènent les entretiens conjointement. D’autres acteurs sont présents lors des ateliers : la présidente de l’association vient participer dans le courant du premier atelier, une formatrice participe au second, et une autre formatrice au troisième atelier.
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Le nombre de participantes est très important (environ 10 personnes par atelier). Il est difficile de distinguer et nommer chaque interlocutrice lors des écoutes. Les informations contextuelles sur les participantes sont donc très limitées.