Thématique 1 : Quelles limites aux politiques linguistiques d’immigration ?

5 – Accéder à des formations

Légende : (C) coupé ; (X) mot inintelligible ; (XXX) groupe de mots inintelligibles ; précisions en italique.

Les extraits

Extrait 1 : Le sentiment d’inactivité quand on est demandeur d’asile

Zenaida: Pero y cómo fue, perdón que te interrumpa ¿pero ¿ustedes llegaron aquí a Francia, y cómo llegaron a los cursos, ¿quién se los ofreció?

(Traduction ) Mais et comment c’était, désolé de t’interrompre, mais, vous êtes arrivés ici en France et comment vous êtes arrivés aux cours, qui vous les a délivré ?

Andrea : Aja… Nosotros llegamos a Francia, comenzamos todo un proceso. Durante mes y medio, estuvimos en París (eh). Sin cursos, sin nada, porque fue apenas la iniciación del proceso. Luego nos mudamos a « nombre del municipio » eh, una pequeña «ville», si un pequeño pueblito, poblado, y luego de tres meses de ya estar viviendo en Francia donde sólo veíamos televisión en francés, pero no cursos como tal, es que arrancamos las clases «bénévoles». En esas clases al inicio, era solo una hora semanalmente. Que, para mí, siempre lo que yo pedía en las asociaciones, era más cursos y más cursos. Que a mí me hubiese encantado arrancar full, ósea o por lo menos con mi esposo turnarme. Todas las mañanas él, y yo todas las tardes. Me parece que, que es mucho más provechoso. El tema de que… y también que llegando aquí a Francia, no tenemos mucho que hacer, los asilados, ósea, hay mucho tiempo libre. Eso es lo que yo quisiera que en este país se dieran cuenta, de que mandarnos a una casa y acuéstate a dormir o no hagas nada. Eso no es la solución todo. Y yo te doy todo. A mí manera de ver las cosas, no es la solución eh.

Mhmh… Nous arrivons en France et nous commençons tout un processus. Pendant un mois et demi, on a été à Paris, euh. Sans cours, sans rien, parce que c’était tout juste la mise en place du processus. Ensuite on a déménagé à « nom de la commune » euh, une petite “ville”, oui un petit village, peuplé, et après 3 mois de vie déjà en France où on ne faisait que regarder la télé en français, mais pas de cours en tant que tel, et c’est là qu’on commence les cours “bénévoles”. Dans ces cours au debut, c’était seulement une heure par semaine. Que, pour moi, ce que j’ai toujours demandé dans les associations, c’était plus de cours et plus de cours. C’est que moi j’aurais été ravie de commencer “full” (en intensif), c’est à dire ou au moins que j’alterne avec mon mari. Tous les matins lui, et moi tous les après-midi. Il me semble que c’est plus profitable. Ce sujet de… et aussi pour en arrivant ici en France. On a pas grand chose à faire, les demandeurs d’asile, c’est à dire qu’il y a beaucoup de temps libre. C’est de cela que j’aimerais qu’ils se rendent compte dans ce pays, que de nous envoyer dans une maison et allonge toi pour dormir ou ne fais rien. Ca c’est pas la solution. Et moi je te donne tout. De mon point de vue personnel, ce n’est pas la solution, euh.

(Entretien avec Andrea, Paris, le 01/04/2022, Extrait 3, 2’31 à 04’05)

Précisions :

Contexte :

  • Entretien réalisé en espagnol (Venezuela) par Zenaida

  • L’entretien s’est déroulé dans un petit séjour à Paris, avec l’idée de commencer à trouver un poste pour son mari en Ile de France.

Participante :

  • Andrea : Andrea a un lien familial avec Zenaida, mais les deux femmes ne se voient qu’une fois par an environ. Cet entretien est leur première occasion d’échanger sur leur apprentissage du français. Au moment de l’entretien, Andrea a une petite quarantaine d’années. Vénézuélienne, elle est arrivée en France avec son mari et leur fils fin 2018 ; ils ont d’abord vécu en contexte rural, et habitent maintenant une ville de taille moyenne. Avant sa migration, Andrea exerçait une profession à haut niveau de qualification ; depuis son arrivée en France, elle est mère au foyer. Au moment de l’entretien, son mari cherche un emploi en région parisienne. Andrea a suivi des cours de français avant sa migration ; son fils était également scolarisé en collège français au Vénézuela, pour stimuler le bilinguisme.

Extrait 2 : Comparaison France/Allemagne : en France il faut chercher, trouver, payer en plus

Sibel : Je suis allée (XXX) J’ai commencé euh, j’ai commencé à apprendre, à la maison, au début, et, j’ai appris quelque chose, at après, euh, quand euh, quand je suis allée à l’OFII, euh, j’ai déjà passé le niveau 2, ok, euh ils m’ont dit que, ok (rire) ok c’est bon pour vous euh j’ai cherché j’ai cherché euh une autre manière d’apprendre euh, pour m’améliorer, je suis peut-être A2, mais j’ai besoin de d’apprendre plus euh, et j’ai cherché j’ai cherché euh mais je n’ai pas trouvé euh, une façon euh comment dire, utile. Il y avait des cours, euh mais euh des euh commencent, les cours commencent, A1. C’est très, (XXX) pour moi. Et c’était difficile et après j’ai trouvé un cours privé, et j’ai payé, après j’ai trouvé euh une autre, à l’université, et il y avait euh un programme pour les réfugiés, de, gratuitement, mais j’ai j’ai commencé là-bas, mais cette fois, je je n’ai pas que compris je n’ai pas pris une bourse parce que j’ai euh (XXX) et après je prends RSA, (XXX) parce que vous continuez à l’université, c’était euh trop bizarre ! Euh j’essaye euh j’essaye d’apprendre français, euh j’essaye d’arriver, mais j’arrive pas, ok ? j’ai des difficultés, pour apprendre. Mais j’ai des amies en Allemagne, euh, elles commencent à apprendre, à apprendre, et elles peut continuer jusqu’à C1, sans effort. C’est euh, c’est trop facile, c’est très utile. Mais ici en France, euh, ouais, euh il y a des difficultés, euh, il faut faire euh, efforts pour apprendre il faut chercher, trouver, payer, en plus.

(…)

Sibel : J’ai continué à l’université, euh, pendant 1 an et j’ai pris mon niveau de B1, B2, mais (rire) en fait euh je crois euh j’ai pas euh assez, d’amis, euh qui parlent français, cest pourquoi la langue française c’est très (X).  J’ai besoin d’amis français pour parler, pour pratiquer.

(Entretien réalisé à Lingolsheim, 10/03/2022, extrait 12, 57’38 à  1’01’17)

Précisions :

Lingolsheim, centre social et culturel de l’Albatros

Contexte :

  • Lingolsheim, centre social et culturel de l’Albatros, entretiens organisés par Mia Depoutot et Eric Mercier. Mia travaille à l’Albatros comme coordinatrice et connait bien les participant.e.s. Eric rencontre les participants pour la première fois.

  • Atelier de 2 heures regroupant 4 participant.e.s et 2 animateur.rice.s (Mia et Eric) dans une grande salle. Petit atelier organisé autour d’une table ronde. Présence de 2 enfants en bas-âge.

  • L’audio est peu audible par moment (bruits de chaises/voix d’enfants).

Participante :

  • Sibel : Originaire de Turquie, elle y exerçait auparavant une profession à haut niveau de qualification. Elle est mère d’une petite fille présente lors de l’entretien.

Extrait 3 : Laïla n’a pas attendu l’OFII pour continuer d’apprendre et se former ailleurs

Eric : Est-ce que vous connaissez les classes de l’OFII ?

Laïla : Oui

Eric : Vous les avez fait, vous ?

Laïla : Oui

Eric : Ah bon, très bien,

Laïla : Quand j’ai passé le test (inintelligible), il faut apprendre la langue française en (XX- six cent ?) heures. Et moi quand je passe euh, le test, pour moi euh, ils donnent 200 heures. Et après 100 heures, euh moi je passe comme évaluation, test euh, langue française. Euh, j’ai validé et euh, il me dir c’est euh, c’est bon pour toi, j’ai fini, 100 heures.

Eric : Vous avez validé  (inintelligible) il fallait pas réussir le test, d’accord, et du coup vous étiez pas contente vous auriez voulu plus ?

Laïla : Non pas contente euh, je demande que je voudrais continuer et, (inintelligible) j’appelle, (inintelligible) plus de place.

Eric : Plus de place. Et du coup vous vous avez pas pu continuer avec l’OFII ?

Laïla : J’attends et,

Eric : Ah vous attendez encore, d’accord, vous attendez depuis combien de temps ?

Laïla : Ca fait 6 ans euh, ça fait 6 mois.

Eric : Ca fait 6 mois,

Laïla : Oui

Eric : Ah oui, parce que en six mois euh, si je reste à la maison pendant six mois le A1 euh, je peux oublier aussi.

Laïla : Oui oui, oui oui.

Eric : D’accord, d’accord, c’est intéressant. Euh mais en fait c’est que vous étiez trop forte. Vous avez trop bien réussi. Sinon vous auriez eu plus. Vous savez, il y a des gens, ils font exprès de rater l’examen au début, ah non moi je sais pas j’écris pas je parle pas, comme ça ils ont 600 heures.

(…)

(Entretien à J2P, Paris, 10/03/2023, extrait 6, 55’04 à 1’13’57 )

Précisions :

Association J2P

Contexte :

  • Entretien réalisé par Eric, sur un temps de formation (préparation aux épreuves du DELF B1), dans une grande salle auprès de 6 participantes. Vidéoprojection d’extraits d’autres entretiens écrits dans la salle pour déclencher la discussion sur différentes thématiques.

  • L’enregistrement présente des bugs de micro, qui n’a pas enregistré en continu. Les transcriptions présentent donc des parties perdues.

Participante :

  • Laïla : Laïla était institutrice en Afghanistan et souhaite exercer ce métier en France.